16 - LA PREMIÈRE "GPA"

NB: Parce qu’on le connaît mieux sous son futur nom, j’ai écrit jusqu’ici “Abra(ha)m”, mais en fait le Patriarche s’appelle pour le moment encore “Abram”. Voir l’épisode des prochains jours.

ge.16.1 Saraï, femme d'Abram, ne lui avait point donné d'enfants. Elle avait une servante Egyptienne, nommée Agar. ge.16.2 Et Saraï dit à Abram: Voici, l'Eternel m'a rendue stérile; viens, je te prie, vers ma servante; peut-être aurai-je par elle des enfants. Abram écouta la voix de Saraï.

On voit que les “post humanistes”, qui se croient à la pointe du progrès, n’ont en fait rien inventé ! Se servir du ventre d’une autre femme pour avoir quand même un enfant, ce n’est même pas un mâle qui a trouvé ça, mais une femme — celle d’Abram !

Mais voilà, ça ne se passe quand même pas très bien...

ge.16.4 Il alla vers Agar, et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, elle regarda sa maîtresse avec mépris.

Sarai n’est pas contente... Il y a de quoi ! Se sacrifier en donnant sa servante à son mari pour qu’il l’engrosse, cela méritait tout de même un peu de reconnaissance... Eh bien, non!

Quand on débattra de la question, dans notre “stupide XXIème siècle”, comme disait Léon Daudet du XIXème (déjà !), on fera bien de se souvenir de Genèse, 16.
Et j’ai tendance à penser que la solution préconisée par Henri Atlan (“L’utérus artificiel”, Seuil, 2003) donnerait alors beaucoup moins de soucis que la formule 
humaine...

Mais la biologie moléculaire est encore loin à l’époque où le Patriarche obéit à sa femme en couchant avec sa servante... Et la femme, après coup, se voyant méprisée, en appelle à Yahvé, comme de juste. Celui-ci lui conseille d’envoyer promener la Servante Maîtresse, ce qu’elle fait aussitôt. 

Agar s’enfuit au loin dans le désert, et s’arrête auprès d’un puits.
Mais un Ange qui se promenait par là l’aperçoit et se renseigne; apprenant ce qui s’est passé, il lui fait de belles promesses :

ge.16.11 L'ange de l'Eternel lui dit: Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël; car l'Eternel t'a entendue dans ton affliction. ge.16.12 Il sera comme un âne sauvage; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui; et il habitera en face de tous ses frères.

Et tout est bien qui finit bien, pour cette fois, au moins en apparence : ce n’est pas encore Jésus, on n’a pas encore inventé la parthénogenèse humaine, mais il y a tout de même déjà un peu de cela.

ge.16.15 Agar enfanta un fils à Abra(ha)m; et Abra(ha)m donna le nom d'Ismaël au fils qu'Agar lui enfanta. ge.16.16 Abra(ha)m était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu'Agar enfanta Ismaël à Abra(ha)m.

Comme dirait La Fontaine (je triche un peu) :

« Passe encore d’arroser, mais planter à cet âge... »

Sauf que Ismaël, cet onagre, (traduction OSTY), cet “âne sauvage”, va vivre à l’écart des autres. Et on verra ce que ça peut donner.


  25 - Rebecca et Isaac Le chapitre 24 de la Genèse, je le disais hier, est la première apparition du “roman à l’eau de rose”, du feuillet...