11 - Le Massacre des Innocents


Comme j’ai évoqué cela de mémoire, hier, dans mon “Journal”, je vais sauter aujourd'hui à un passage de l’Ancien Testament qui pourrait bien être à l’origine de celui, plus connu, qui figure dans l’Évangile de Matthieu (Mt, 2,18).
Il s’agit de Ex.1 ; 16-22.

À ce moment, le peuple hébreu est en Égypte, et soumis à de mauvais traitements. Pharaon est agacé par le fait qu’ils travaillent mieux que les ouvriers égyptiens, et décide de mettre fin à cela, de manière radicale. S’adressant aux sages-femmes, il leur dit ceci :

ex.1.16 Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c'est un garçon, faites-le mourir; si c'est une fille, laissez-la vivre.

C’est assez curieux en soi, et contraire à ce qui se passe ou se passait dans les peuplades primitives, où l’on sacrifiait plus volontiers les filles “qui ne servaient à rien”, au profit des enfants mâles... Mais ici, il s’agit justement de liquider ceux qui font de la concurrence à la main d’oeuvre locale.

Et pourtant, les choses ne se passent pas comme prévu... Pharaon interroge alors les sages-femmes...

Les sages-femmes répondirent à Pharaon: C'est que les femmes des Hébreux ne sont pas comme les Egyptiennes; elles sont vigoureuses et elles accouchent avant l'arrivée de la sage-femme.

On peut se demander s’il ne s’agissait pas plutôt d’une ruse de la part des femmes des Hébreux... Quoi qu’il en soit, Pharaon décide d’employer les grands moyens :

ex.1.22 Alors Pharaon donna cet ordre à tout son peuple: Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra, et vous laisserez vivre toutes les filles.

Incidemment, on apprend peu après l’origine particulière de Moïse : sa mère réussit à le cacher pendant trois mois, puis

ex.2.3 Ne pouvant plus le cacher, elle prit une caisse de jonc, qu'elle enduisit de bitume et de poix; elle y mit l'enfant, et le déposa parmi les roseaux, sur le bord du fleuve.

L’enfant fut retrouvé, Pharaon lui fit grâce, et on lui donna le nom de Moïse — terme abrégé de ce qui signifie “sauvé des eaux”, selon la tradition, — ce que contestent les grammairiens savants. 
Ce personnage deviendra le plus important de la Bible hébraïque, et prétendument auteur de l’Ancien testament lui-même. On verra ça plus tard...

Mais “de fil en aiguille” le thème de l’enfant “sauvé des eaux” m’est toujours venu à l’esprit quand il a été question de la tristement célèbre “affaire” du “petit Gregory”... que “quelqu’un”, il me semble avait ainsi confié à la rivière... Je me demande si les enquêteurs ont fait le rapprochement ?

Mais j’ai eu la curiosité de regarder la façon dont le “massacre des innocents” se présente dans l’évangile de Matthieu.

Hérode (roi de Jérusalem) ne supportait pas qu’on lui dise qu’un “roi des Juifs venait de naître” à Bethléem.
Il appela les (Rois) Mages, venus “d’orient” pour aller voir ce nouveau-né annoncé par l’apparition d’une étoile, en leur demandant de lui ramener l’enfant. Mais...

mt.2.12 ...divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

D’où la fureur d’Hérode, qui décide d’employer les grands moyens, lui aussi :

mt.2.16 Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages.

Dans l’Évangile de Matthieu, Pharaon est remplacé par Hérode, et le massacre se situe avant la fuite en Égypte. Mais on voit que le thème est bien le même : pour être sûr de tuer le bon, on tue tout le monde. 

le tableau de Poussin au Musée de Chantilly
"Le Massacre des Innocents"

Toutes les armées du monde, qu’elles croient en Jehovah, en Allah ou un dieu quelconque, ne procèdent pas autrement. Et aucun de ces dieux ne lève le petit doigt pour s’offusquer... 
C’est ce que moi, le mécréant, j’ai toujours trouvé étonnant.






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