22 - Isaac et le bélier


Abraham et Abimèlek se sont disputés pour une histoire de puits, mais se sont réconciliés. Yahvé, que le texte appelle maintenant “Dieu”, dit alors à Abraham :


ge.22.2 Dieu dit: Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac; va-t'en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai.


“holocauste”: le terme figure déjà en Ge. 8.20, quand tout le monde est sorti de l’Arche de Noé.

Osty en donne le sens suivant en note :


on appelle ainsi les sacrifices dans lesquels la victime est entièrement consumée par le feu sur le brasier de l’autel.


Il ne peut donc y avoir de doute : le Bon Dieu demande à Abraham de mettre à mort son fils… 

Abraham monte vers l’endroit que lui a désigné Dieu, avec Isaac qu’il charge du bois pour allumer le feu. 


Ici les traductions que je possède disent toutes quelque chose que je trouve curieux :


ge.22.6 Abraham prit le bois pour l'holocauste, le chargea sur son fils Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau.


Que veut dire exactement: « porta dans sa main le feu »? Je n’ai trouvé aucune explication là-dessus nulle part… et au fait : comment faisait-on du feu, à cette époque ? J’ai cherché sur le web, et j’ai trouvé ceci — dans une page d’un site des “Témoins de Jéhovah”, qui se posait exactement la même question que moi, à propos du même verset !


plusieurs spécialistes pensent qu’avant de partir en voyage, Abraham a pris des braises dans un feu et les a mises dans un récipient, peut-être un pot. Puis il a transporté ce récipient suspendu à une chaîne (Isaïe 30:14).


Qu’Abraham ait existé ou non, cette explication est vraisemblable pour les gens ayant vécu à l’époque supposée d’Abraham. Pas d’allume-feu, pas de briquet ni d’allumettes, et probablement que la technique préhistorique du frapper de silex ou de l’arc faisant tourner un bâton emmanché d’une pointe de silex n’étaient plus en usage…

la référence à Isaïe est celle-ci:


is.30.14 … comme se brise un vase de terre, Que l'on casse sans ménagement, Et dont les débris ne laissent pas un morceau Pour prendre du feu au foyer,


Cet aspect technique élucidé, reste l’essentiel: le sacrifice humain demandé par Dieu à Abraham.


Isaac, le naïf, l’Homme qui rit, ne rit plus beaucoup, il se pose des questions… et les pose à son père, lequel répond évasivement :


Isaac reprit: Voici le feu et le bois; mais où est l'agneau pour l'holocauste? ge.22.8 Abraham répondit: Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste.


Suivent les préparatifs du sacrifice (et je note que la Bible n’est pas “déconseillée aux moins de 10 ans” !)


Il lia son fils Isaac, et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. ge.22.10 Puis Abraham étendit la main, et prit le couteau, pour égorger son fils.


Mais le metteur en scène a tout prévu : une voix “off” s’écrie :


Abraham! Abraham! Et il répondit: Me voici!

……

N'avance pas ta main sur l'enfant, et ne lui fais rien; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique. 


C’était donc “pour de rire”, comme disaient les enfants d’autrefois (Aujourd’hui ce serait “LOL” ? ) Mais pour Isaac, l’Homme qui rit, il n’est pas certain qu’il ait beaucoup rigolé, tout de même.


Et maintenant, Abraham cherche ce qu’il va pouvoir égorger à la place de son fils…


ge.22.13 Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes; et Abraham alla prendre le bélier, et l'offrit en holocauste à la place de son fils.


Tout est donc bien qui finit bien. 


Les gens qui, comme moi, sont assez vieux pour avoir été à l’école d’autrefois pensent évidemment à Iphigénie…  les Grecs, en effet, ne furent pas en reste du côté des sacrifices… allant jusqu’au geste fatal d’Agamemnon, au dernier moment  dévié vers une biche, grâce à Artémis, ou sauvé par la substitution d’une autre à sa place (Ériphile), selon l’aimable Racine…


Mais la racaille des banlieues d'aujourd’hui n’a lu ni la Bible ni les Grecs, et à peine le Coran (seulement les versets qui conseillent de jouer du couteau contre les mécréants)


À Crépol, l’autre soir, ils ont donc pris le couteau et le feu  — pour s’amuser? 


  25 - Rebecca et Isaac Le chapitre 24 de la Genèse, je le disais hier, est la première apparition du “roman à l’eau de rose”, du feuillet...