2 - La femme et le serpent.



À la question que lui pose le serpent, la femme répond que Dieu leur a défendu de manger le fruit de l’arbre « qui est au milieu du jardin ».

Le “milieu” n’est pas un endroit quelconque ; cet arbre a donc une valeur particulière, et en effet, c’est l’arbre de la connaissance. 

Dieu n’a pas du tout envie que l’homme et la femme acquièrent la connaissance, autrement dit deviennent... intelligents — et que, forcément, ils en arrivent à “se poser des questions”. Si toute religion comme son nom l’indique, relie les fidèles entre eux, ce qui les relie les lie du même coup. 

Comme on le voit dans ces “tireurs de corde”, du portail de l’église de Castelviel, en Gironde :


Détail du portail de l'église de Castelviel, 33. photo GdP.


Le serpent, présenté comme la bête la plus mauvaise qui soit, est malin, lui. Et il sait...

ge.3.4 Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.


Ces quelques lignes sont d’une importance extrême... la dichotomie du Bien et du Mal, à l’origine de toute civilisation. Mais cette “connaissance” est celle à laquelle Dieu a défendu d’accéder ! L’état “de Nature” ne connaît ni l’un ni l’autre. C’est la connaissance, c’est l’intelligence, qui est à l’origine de cette coupure radicale. Et d’une certaine façon, l’idéologie “verte” d'aujourd'hui, qui prône la “décroissance” et le retour à “l’état de Nature”, est une sorte d’interprétation de la “Genèse”, dans laquelle il s’agirait de couper “l’arbre du milieu” pour ne s’intéresser qu’aux autres, dont les fruits devraient nous suffire !

(Pour ma part, je serais plutôt du côté du serpent).


Mais on voit bien que la dissociation Homme/Femme recoupe celle du Bien et du Mal, puisque c’est la Femme qui tend le fruit défendu à l’Homme...



ge.3.6 La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea.


Et voilà... L’intelligence a gagné — et donc le MAL ! (autrement dit... le mâle ?)

Je me demande bien s’il peut y avoir des féministes qui croient en “Dieu” ? À celui de l’Ancien testament, en tout cas, cela me semble assez difficile... Elles doivent plutôt, je suppose, regarder du côté des Védas, où la Femme est si importante et si prisée... l’iconographie en témoigne assez, même sans aller jusqu’au Kama-Sutra !


Avec Jésus, le christianisme n’a pas vraiment répudié cette vision de la Femme dépositaire du “Mal”, même avec l’astuce consistant à inventer (tardivement, 1854) le dogme de “L’immaculée conception” : la femme n’a toujours pas sa place dans l’église romaine, sauf en tant que servante. Il a fallu le schisme de la “Religion réformée” pour s’émanciper de cela. Au prix de persécutions atroces, dites “Guerres de Religion”. Chacune des parties, bien entendu, invoquant le “Tout-Puissant” — qui était aux abonnés absents.


  25 - Rebecca et Isaac Le chapitre 24 de la Genèse, je le disais hier, est la première apparition du “roman à l’eau de rose”, du feuillet...